Modes & Textiles 2017 EPUISE

Catalogue "Modes et Textiles" 2017

Exposition à la Villa Rosemaine - Journées du Patrimoine de la Ville de Toulon 16 et 17 septembre 2017

Exposer la mode et le textile, c'est avant tout s'exposer, proposer un choix, prendre des risques. C'est en premier lieu une aventure personnelle que l'on propose aux autres.

"Vouloir à tout prix créer un lien qui n'est que social n'a pas de sens. L'amour passe d'abord par la considération de soi " nous dit Pierre Bergé.

Exposer la mode et le textile, c'est comme un peu comme la scène. Il y a d'abord la longue quête, dont le hasard des "trouvailles" se déroule tel un fil et n'est jamais fortuit. Enfin, le choix final s'impose avec le temps comme une évidence. Exposer la mode, c'est dérouler du vécu et des émotions, parfois du lien, souvent vecteur de sens et de cohérence, un peu à la manière des Surréalistes. Il y a d'abord la vie rêvée des anonymes qui deviennent célèbres par la trace de leurs vêtements sauvés du chaos. Il y a surtout celle des créateurs couturiers célèbres ou non, qui  proposent une vision, celle de la société rêvée et du corps sublimé de la femme.

"Une robe telle que je la conçois est une architecture éphémère destinée à exalter les proportions du corps féminin" nous dit Christian Dior, le maître incontestable.

Accepter cette idée, c'est accréditer la notion de fusion du corps et du vêtement à un instant T. C'est édicter la robe et la chair dansante en œuvre unique hors du temps. Bref ! Citons ces créations anonymes et ces artistes de mode, car la plupart sont des géants !

Banyan, quatre-quarts, veste en toile peinte, gants retroussés à l'anglaise, robe à la française et habit d'homme paré nous évoquent ce XVIIIe siècle frivole, solennel et exotique. Au XIXe siècle, mousseline des Indes, châle néo-gothique, manches à gigots, indiennes perses et crinolines nous rappellent les excès romantiques de la bourgeoisie triomphante.

Le XXe siècle est celui de la Haute Couture avec notamment Drecoll, fournisseur de la Cour impériale d'Autriche et Maria Monacci Gallenga qui dans les pas de Mariano Fortuny, exaltait les Dadaïstes et l'élite artistique européenne. Citons l'élégance et la sobriété néo-classique de Gabrielle Chanel ou de Robert Piguet. Christian Dior enfin, sublime le corps féminin dont il transmets les codes à Yves Saint Laurent, son talentueux successeur. La filiation Poiret, Piguet, Dior, Saint Laurent est fascinante. Elle nous rappelle que la création ne sort pas du néant mais bien d'une chaine de transmission du talent...dans le labeur de l'atelier de couture.  Applaudissons surtout Pierre Cardin, designer de la modernité, ou Jean-Charles de Castelbajac qui joue avec les frontières de l'art, et écrit:

"Je ne fais pas de la mode. Je l'utilise comme un medium. Ce qui me fascine ce sont les installations, les performances, la transversalité" .

A ces leçons d'humilité, le statut du collectionneur qui prétend posséder l'œuvre, reste transitoire. Je préfère définitivement la notion de Passeur d'art de Monsieur Pierre Bergé qui écrit à l'occasion de la dispersion de sa célèbre bibliothèque le 11 décembre 2015 :

"De toute façon, j’ai toujours su que les œuvres d’art n’appartiennent à personne, qu’on avait la chance de les accueillir mais qu’elles finiraient par s’envoler comme des oiseaux migrateurs vers d’autres cieux."
 
Serge Liagre

Catalogue en vente à 25 euros (EPUISE)

(Adhérent 20 euros)